Oct 25 / Purple Squirrel

Financer sa transition professionnelle : solutions pour les salariés

Pour beaucoup d’entre vous, la reconversion professionnelle est un doux rêve. Une vision lointaine que l’on reporte, encore et encore, avec des phrases qui commencent par « un jour, je… ». On le sait, ça peut faire peur de sortir de sa zone de confort et de mettre en place du changement pour se sentir plus épanoui professionnellement.

On passe pourtant en moyenne 100 000 heures de notre vie au travail. D’où l’importance de se donner les moyens de réaliser ses ambitions, quelles qu’elles soient. En parlant de moyens… C’est justement là où le bât blesse. Au-delà de la peur de l’inconnu, c’est souvent la peur liée aux finances qui nous pousse à rester statique.

Et pourtant, on est chanceux en France ! Il existe de multiples solutions pour financer une reconversion et limiter, voire éliminer, le risque financier. C’est pour ça que je vous écris cet article.

Mon nom est Mélanie Flouhr, je suis la co-fondatrice de Purple Squirrel. En tant qu’ancienne directrice d’un cabinet de recrutement, j’ai pu observer à quel point certaines personnes restent coincées dans un poste ou une carrière qui ne leur plait plus. Purple Squirrel a donc été créé avec l’envie d’aider les professionnels à reprendre le contrôle de leur carrière.

Commençons par clarifier ce qu’on entend par « reconversion ». Une reconversion ne veut pas spécialement dire passer de responsable marketing à producteur de boudins ! 😉
Une reconversion, ça peut être un changement de voie au sein de votre entreprise actuelle, un changement de secteur en gardant le même poste, devenir freelance, développer une activité complémentaire, créer votre entreprise ou bien évidemment un changement total de direction.

Le point commun à toutes ces reconversions ? Elles demandent généralement de monter en compétences sur un ou plusieurs sujets. Qui dit montée en compétences dit formation. Une formation prend du temps et de l’argent. Ce qui n’est des fois pas compatible avec un job à plein temps et le reste (famille, amis, activités, etc.). Mais il existe des solutions pour financer sa transition professionnelle en tant que salarié.

Sommaire

1. Le compte personnel de formation (CPF)

tirelire en forme de cochon rose à pois blancs posée sur des pièces de monnaie
Depuis quelques années, le CPF a fait son entrée et vous permet de cumuler des euros (plutôt que des heures) afin de les utiliser pour vous former. Que ça soit pour évoluer au sein de votre entreprise actuelle ou carrément changer de métier.

Vous disposez d’une enveloppe qui est nourrie de 500 euros par an (ne peut dépasser les 5 000 euros). Pour les salariés peu ou pas qualifiés, cela monte même jusqu’à 800 euros par an (ne peut dépasser les 8 000 euros).

L’avantage du compte CPF ? Vous êtes en contrôle de ce budget et de ce que vous en faites, tant que c’est pour un projet orienté professionnel !

D’ailleurs, si vous voulez suivre une formation en dehors de vos heures de travail, vous n’avez pas besoin d’en parler à votre employeur. Vous trouvez la formation qui vous intéresse sur le site moncompteformation.gouv.fr, vous la payez avec votre compte CPF. Et voilà, c’est parti !

Si vous souhaitez suivre cette formation durant votre temps de travail, c’est possible aussi ! Mais il faudra obtenir l’accord de votre patron. Cerise sur le gâteau : si votre patron donne son accord, vous continuerez à être payé pendant que vous vous formez durant vos heures de travail. C’est pas beau ça ?! Et en plus, vous n’avez pas d’obligation à rester dans votre entreprise après la formation.

Votre salaire sera :

  • maintenu à 100 % s’il ne dépasse pas deux fois le montant du SMIC ;
  • maintenu à 90 % s’il est deux fois supérieur au SMIC ;
  • maintenu à 60 % si la formation excède un an.


Conditions
pour faire cette demande de formation durant votre temps de travail :

  • Pour les salariés en CDI : cumuler 12 mois d’ancienneté dans l’entreprise.
  • Pour les salariés en CDD : cumuler 24 mois d’ancienneté, pas nécessairement consécutifs.
  • Pour les salariés licenciés pour motif économique : pas de conditions d’ancienneté.
  • Pour les intérimaires et intermittents du spectacle : 1 600 heures travaillées dans la branche, avec minimum 600 heures dans l’entreprise ou le groupe de travail temporaire ; ou 220 jours de travail effectifs ou cachets touchés au cours des deux à cinq dernières années.


Bon à savoir :
cette ancienneté ne se calcule pas au moment de la demande mais au moment où la formation débute.

Dans le cas où le montant présent sur votre CPF n’est pas suffisant pour financer la formation que vous convoitez, il existe des solutions : PTP, abondement, etc. Je vous en parle plus bas.

Pour le secteur public : si vous avez acquis des heures pour votre emploi en tant que fonctionnaire ou contractuel et que vous souhaitez les changer en euros pour acheter une formation, c’est possible ! Les instructions sur comment faire sont ici.

2. Le projet de transition professionnelle (PTP)

homme en chemise signant un contrat
Il permet aux salariés qui ont envie de se reconvertir de suivre une formation certifiante dans un autre domaine, ou encore d’évoluer dans leur entreprise actuelle. Pour ce faire, ils doivent mobiliser les droits qu’ils ont sur leur CPF.

Avantage du PTP : les salariés conservent leur poste ainsi que leur rémunération durant toute la durée de leur formation. En d’autres termes, le projet de transition professionnelle permet de prendre un congé spécifique pour suivre un parcours de formation, dont la durée peut même dépasser 12 mois.

Les conditions
pour en bénéficier en tant que salarié :

  • 12 mois minimum de CDI au sein de l’entreprise (non consécutifs).
  • 24 mois pour les CDD (non consécutifs).
  • Accord de votre employeur : vous devez faire une demande d’autorisation écrite à votre employeur au plus tard 120 jours avant le début de la formation (pour un cursus supérieur à 6 mois). Pour une absence de moins de 6 mois ou à temps partiel, vous devez faire cette demande 60 jours avant le début de la formation.
  • Validation par l’association Transitions Pro de votre région. Pour cela, il faut entre autres que la formation choisie soit certifiante et inscrite au RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles ou inscrite au RSCH (Répertoire Spécifique des Certifications et Habilitations).


Transitions Pro
, c’est quoi ? Dans chaque région, cet organisme a pour mission d’évaluer les projets de reconversion des salariés, afin de décider si un financement peut être accordé ou non. En gros, c’est votre allié financement pour une transition professionnelle en toute sérénité !

Pour maximiser vos chances que votre dossier soit accepté par Transitions Pro, faites attention à 4 éléments :

  1. Anticiper la préparation du dossier : le dossier à soumettre demande de nombreux éléments pour être accepté. Il faut donc anticiper la démarche pour le compléter au mieux. C’est ce qui vous permettra d’éviter un refus, qui pourrait vous mener à rater le début d’une formation.

  2. La cohérence de votre projet : on parle ici d’une transition professionnelle. Il faut un vrai changement de métier ou de profession. Par exemple, lorsqu’on est assistant RH qu’on veut faire du recrutement, on reste dans la fonction RH. Ce n’est pas considéré comme un changement. Alors qu’un policier qui devient boulanger, c’est un changement.

  3. La pertinence du parcours de formation au regard de votre situation : en fonction du métier visé, il y a un travail qui va être fait avec l’Organisme de Formation pour déterminer ce qui doit être mis en place pour être employable dans le métier visé. Vous devez pouvoir montrer que vous avez réfléchi au parcours de formation et que vous l’avez optimisé pour atteindre vos objectifs.

  4. Les perspectives d’emploi relatives au projet : quelles sont les offres d’emploi du métier visé (dans la région ou autre) ? Est-ce que vous avez fait des enquêtes métier ? Est-ce que vous êtes convaincu par des faits, des analyses que c’est le métier qu’il vous faut ? Est-ce que les débouchés du métier visé sont intéressants ? Toutes ces questions vous permettent de confirmer que ce projet de transition professionnelle a été réfléchi et est réalisable.


Si vous présentez votre dossier et qu’il n’est pas accepté du premier coup, vous pouvez réitérer la demande. Transitions Pro vous donne un feedback complet pour que vous puissiez comprendre la raison du refus et les limites de votre projet. Vous pouvez alors retravailler sur votre projet, le rendre plus adéquat quant au bassin de l’emploi visé et le soumettre à nouveau.

Si vous estimez que le refus n’est pas justifié, vous pouvez même faire un recours qui sera analysé par la médiatrice de France Compétences.

Pour mettre toutes les chances de votre côté, vous pouvez vous faire aider par un conseiller en évolution professionnelle (CEP). Ce conseiller vous guidera gratuitement pour que votre dossier soit le plus cohérent possible. Envie d’en savoir plus ? C’est ici.

Si votre projet est accepté, Transitions Pro se chargera de le présenter à la Commission Paritaire Inter Régionale (CPIR). L’objectif étant que tout ou partie de votre formation et de votre salaire soit pris en charge. Transitions Pro peut vous verser entre 90 % et 100 % de votre rémunération.

Je vous donne un exemple concret : vous avez 1 200 euros sur votre CPF mais la formation que vous convoitez a un tarif de 3 600 euros. Vous pouvez utiliser ces 1 200 euros et Transitions Pro prend en charge les 2 400 euros restants, soit en partie, soit totalement.

Une fois la formation finie, vous pouvez démissionner de votre entreprise ou commencer à chercher un nouveau métier.

3. Le dispositif démissionnaire pour financer sa transition professionnelle

homme en costume portant un attaché-case et marchant dans la rue
Ce dispositif ouvre l’assurance chômage aux salariés démissionnaires et aide à concrétiser un projet de changement de métier, ou même de création/reprise d’entreprise.

Transitions Pro est responsable de vérifier les dossiers et de les soumettre devant la Commission Paritaire Inter Régionale.

Pour bénéficier de ce dispositif, il y a toute une suite d’actions à mettre en place avant de donner sa démission.

Conditions :


  • être en CDI ;
  • avoir travaillé chez un ou plusieurs employeurs depuis au moins 5 années continues (1 300 jours dans les 60 derniers mois) ;
  • présenter un projet de reconversion professionnelle bien préparé, concret et sérieux.


Envie d’en savoir plus ? Rendez-vous sur le site du gouvernement pour comprendre comment bien préparer votre projet de reconversion avant de démissionner et/ou sur le site internet de votre organisme Transitions Pro régional.

4. Le Plan de Développement des Compétences (PDC)

Ici, c’est l’employeur qui est à l’initiative des actions de formation, et non l’employé. La formation doit concerner un domaine en relation avec le secteur d’activité professionnelle du salarié.


En effet, une reconversion peut se faire en interne, que ce soit en évoluant dans son poste ou en changeant de métier.


En plus des actions de formation obligatoires (conventions collectives ou accords de branche), votre employeur peut aussi proposer des formations certifiantes, une VAE (validation des acquis de l’expérience), ou même un bilan de compétences.


Comment ça se passe ?
Vous pouvez en discuter avec les ressources humaines de votre entreprise. Dans le cas où les formations proposées ne correspondent pas à votre projet professionnel (exemple : reconversion vers un autre secteur), vous pourrez tout de même acquérir des compétences utiles à votre projet professionnel (communication, leadership, logiciel, etc.).


La beauté du PDC : le salarié fait sa formation durant ses heures de bureau, garde sa rémunération complète et sa protection sociale.

5. La Promotion par Alternance (Pro-A)

Si vous ne le saviez pas encore, les alternances ne sont pas exclusivement réservées aux étudiants.

Le dispositif Pro-A permet de vous reconvertir au sein de votre entreprise par le biais d’une alternance. Que ce soit de votre initiative ou de celle de votre employeur, vous bénéficiez d’une réorientation professionnelle ou d’une montée en compétences.

À la fin de votre alternance, vous recevrez une certification. L’objectif peut être de vous reconvertir au sein de votre entreprise, ou même vers un nouveau métier.

Comment ça se passe ?
Un autre salarié de l’entreprise (choisi par votre employeur) endosse un rôle de mentor et vous forme à de nouvelles compétences.

Conditions :

  • avoir un niveau de diplôme inférieur au grade de licence (bac +3) ;
  • avoir l’aval de votre employeur car c’est lui qui finance votre formation, à l’aide des opérateurs de compétences ;
  • s’assurer que la durée de la formation soit comprise entre 15 et 25 % de la totalité du dispositif Pro-A, tout en étant supérieure à 150 heures.


Ce dispositif est donc un complément du PDC et/ou du CPF et permet le maintien de votre salaire.

6. L’abondement employeur

poignée de main entre deux hommes en chemise

Si votre compte CPF n’a pas les fonds nécessaires pour financer la formation de votre choix, il est possible de recevoir un coup de pouce financier de votre employeur pour une formation !

Ce dispositif vous permet de payer avec le crédit de votre compte CPF et votre employeur verse volontairement un montant sur votre CPF, pour vous permettre de payer le montant total de la formation.

Comment ça se passe ? Il y a plusieurs scénarios dans lesquels votre employeur doit ou peut réaliser un versement sur votre CPF :

  • Un versement volontaire :

    Dans le cas où votre CPF ne vous permet pas de financer intégralement une formation, vous pouvez demander une aide financière de votre employeur, pour payer le solde de la formation. Ici, on est vraiment dans une démarche de co-construction entre vous et votre employeur.

  • Un versement obligatoire :

    Si vous êtes licencié après avoir refusé une modification de votre contrat (généré par un accord de performance collective), votre employeur se doit de verser 3 000 euros sur votre CPF.

  • Un versement de droits supplémentaires :

    Dans le cadre de l’implémentation d’un accord collectif, votre employeur peut alimenter votre CPF de manière plus favorable que ce qui est prévu dans le droit commun.

  • Un versement correctif :

    Si votre entreprise compte plus de 50 employés et que votre employeur ne respecte pas ses obligations d’entretien professionnel, il doit verser 3 000 euros sur votre compte CPF. C’est quoi l’entretien professionnel ?

    C’est un rendez-vous entre vous et votre employeur qui doit se faire obligatoirement tous les deux ans (c’est aussi une obligation lorsque vous revenez de certains congés). Le but est de discuter de vos objectifs professionnels et comment certaines formations peuvent vous aider à les atteindre.

7. Le dispositif Transco (transitions collectives)

Dans le cas où une entreprise rencontre de grandes difficultés ou est en mutation économique, elle peut décider d’offrir la possibilité à ses employés de se réorienter vers un métier/une industrie d’avenir, plutôt que de finir au chômage.

En conséquence, la reconversion professionnelle grâce au dispositif Transco n’est possible qu’à l’initiative de l’employeur et pour les métiers porteurs. La liste de ces métiers est établie et tenue à jour localement par le Crefop (Comité Régional de l’Emploi, de la Formation et de l’Orientation Professionnelles).

C’est ce qui permet d’assurer l’adéquation entre les métiers proposés et les besoins des entreprises locales. C’est du gagnant-gagnant, pour l’employeur, ses employés et le marché de l’emploi de la région.
calculatrice, trombones, plante verte, feuille et stylo sur un bureau
Une transition professionnelle, c’est un vrai projet de vie ! Ça se prépare, ça se réfléchit, ça se mûrit. Mais surtout, ça se réalise. Ne laissez pas la peur financière vous empêcher de réaliser vos ambitions.

Un énorme merci à Christine Vo Van de Transitions Pro Occitanie qui a pris le temps de partager la vision de Transitions Pro et de m’expliquer les dispositifs disponibles pour une reconversion plus sereine.

Chez Purple Squirrel, on met tout en œuvre pour aider les professionnels à (re)prendre le contrôle de leur carrière, que ce soit avec nos formations en ligne ou nos coachings individuels. Envie d’en savoir plus ? Vous trouverez parmi nos accompagnements celui qui vous correspond le mieux.

Si vous avez envie de rentrer dans le concret et passer à l’action, prenez un rendez-vous de 20 minutes avec nous pour faire le point ! C’est l’occasion de se rencontrer et de discuter de la marche à suivre pour réaliser vos ambitions. Réservez directement dans nos calendriers.

À vous de jouer !