2. Comment ça se manifeste dans votre gestion de carrière ?
Je vais vous donner quelques exemples. Exemples où vous risquez de vous reconnaître mais également de reconnaître les autres.
L’objectif ? Prendre conscience et comprendre comment limiter l’impact.
Le biais d’ancrage consiste à privilégier les premières informations qui nous sont données.
“Ça ne sert à rien de demander une augmentation de salaire, ils n’en donnent que quand il y a une promotion” dixit Laetitia, sur base d’une information reçue il y a 4 ans.
Cette affirmation est basée sur ce que vous avez entendu de la bouche d’un collègue il y a 4 ans quand vous avez rejoint l’entreprise. Et du coup, cette première information reçue devient LE point de référence dans votre décision. C’est un peu ce que certains vendeurs font en vous annonçant un prix élevé au début, pour ensuite redescendre. Vous avez alors l’impression de ne pas payer si cher que ça, alors que le vendeur se fait une marge de 100%.
Comment le limiter ?
Il faut être réceptif aux informations qui viennent après la première information. Dans cet exemple, l’entreprise avait moins de budget il y a 4 ans et donc moins de marge de manoeuvre concernant les augmentations de salaire. Entre temps, l’entreprise a bien évolué et votre manager serait tout à fait prêt à vous écouter.
En gros, quand on vous dit que ce n’est pas négociable comme première info… Négociez quand même, vous serez surpris ;)
Le biais de confirmation consiste à chercher et sélectionner seulement les informations qui confirment nos croyances tout en ignorant tout ce qui les contredit.
“Maxime est le meilleur membre de l’équipe” dixit un manager qui n’a pas regardé les chiffres depuis 3 mois, alors que Maxime vient de lui rendre un travail plagié d’un collègue.
Quand Maxime a rejoint l’équipe, le manager l’a directement pris sous son aile. Il se reconnaissait un peu en lui. En conséquence, il a commencé à ne voir que du bon chez Maxime, quitte à délaisser d’autres membres de l’équipe qui faisaient du travail de meilleure qualité.
Par contre, le manager a pris Elsa en grippe depuis le début, elle a du mal à communiquer de façon corporate. Ce manager passe donc plus de temps à chercher la petit bête qui mettrait Elsa en porte à faux que de remarquer que Maxime a une performance descendante depuis son arrivée dans l’équipe.
Comment le limiter ?
Quand vous êtes trop convaincu par quelque chose, amusez-vous à jouer l’avocat du diable ! Trouvez des arguments qui vont à l’encontre de votre croyance initiale. Essayez de vous faire changer d’avis avec du concret, des faits.
Le biais du status quo consiste à préférer conserver sa situation actuelle et à refuser le changement, même lorsque celui-ci pourrait être bénéfique.
“Non je ne vais pas changer de carrière, je ne suis pas si mal” dixit Marc qui est au bord du burn-out, en perte totale de sens.
Je pense qu’on a tous, un jour ou l’autre, été victime de ce biais. On préfère rester dans des situations qui ne nous conviennent pas, plutôt que de prendre le risque de changer. On devient presque comfortable avec l’inconfortable. La peur guide notre jugement : la peur de l’échec, de ne pas être à la hauteur, de bouleverser ses relations sociales, …
Comment le limiter ?
Plutôt que de laisser notre cerveau nous rappeler le risque qu’on prend en changeant. Il serait bon de se rappeler le risque qu’on prend à ne pas changer ! Dans cet exemple, Marc pourrait commencer une dépression sévère et mettre bien plus de temps à s’en remettre que s’il met du changement en place.
L’effet IKEA consiste à accorder plus de valeur aux choses dans lesquelles on a mis du temps et de l’énergie.
“Je suis persuadée que ma proposition d’offre sera celle que le client acceptera” dixit Georges après avoir passé 3 jours à bosser dessus.
Quand on achète un meuble IKEA, qu’on le monte soi-même à la sueur de son front, ce meuble devient la pièce préférée dans la maison. Même si ce n’est pas le plus beau, le plus qualitatif ou le plus fonctionnel. Ce biais est donc dangereux pour votre carrière car il peut mener à des comportements contre-productif.
Comment le limiter ?
Si vous vous rendez compte que vous tenez trop à quelque chose (une idée, un projet, un travail), demandez-vous si l’effet IKEA n’est pas passé par là. Et surtout, restez ouvert aux opinions de vos collègues, clients, managers. Rien n’est parfait, même si ça vient de vous !